Vous tirez des conclusions assez rapides et peu étayées.
Il ne faut tout d’abord pas nier que la lutte pro-palestinienne a difficilement vécu la sanctification de l’Etat d’Israël par l’idéologie dominante, sous couvert du souvenir malheureux de la seconde guerre mondiale. L’accusation d’antisémitisme n’a cessé de peser sur la lutte pro-palestinienne comme sur les palestiniens eux-mêmes qu’on place dans une situation de conflit permanent.
En effet, il a toujours été difficile de critiquer Israël en parallèle du discours dominant mettant en perspective « le massacre des juifs pendant la seconde guerre mondiale » et la nécessité d’un Etat pour ce « peuple » martyrisé.
Cette idéologie n’est tout d’abord en aucun cas laïque, contrairement à ce que vous pouvez indiquer dans votre article : c’est une vision communautariste du judaïsme qui tendait à considérer la nécessité d’un retour à la « terre sainte » du « peuple juif ».
Ce n’est pas la religion juive qui instigue cette idée mais clairement l’idéologie nationaliste du sionisme : c’est celle-ci qui a pris place dans les institutions juives (par exemple, en France, c’est le CRIF qui incarne l’organisation communautaire juive, institution auprès de laquelle François Hollande en personne est allé parler de « Français de souche »).
D’ailleurs, la plus grande organisation de travailleurs juifs (Bund) avant et au moment de la seconde guerre mondiale était clairement opposée aux idées sionistes et proche des idées socialistes, mais même au sein de la « communauté juive », c’est encore une minorité qui a pris le pouvoir.
Donc non, se justifier de ne pas être antisémite n’a rien de « louche », car dans cette lutte, c’est une nécessité imposé par un discours sioniste qui tend à prôner la théorie du « choc des civilisations » en assimilant les palestiniens à des terroristes islamistes. Le CRIF tient clairement cette ligne en France, parlant « d’islamo-fascisme » et disant que « toutes les violences aujourd’hui sont commises par de jeunes musulmans » et je ne parle pas des déclarations concernant les manifestations pro-palestiniennes de cet été.
Accuser d’antisémitisme à tout va, sur des bases argumentaires si faibles ne fait que renforcer ces organes et ces théories. Je ne défend pas les liens du Grand Soir, ni la ligne éditoriale, ni un certain nombre d’organes que vous accusez mais avec un argumentaire si faible, on va finir par croire que les antifas sont plus obsédés par les conspis que les conspis eux-même par la conspiration.
Et pourtant, l’antifascisme a bien d’autres objectifs que ces petits conspis qui grouillent sur internet et à proximité de milieux « de gauche ».
D’ailleurs, ni concurrence mémorielle, ni concurrence des luttes : pourquoi ne répertoriez vous pas l’ensemble des propagandes islamophobes qui jaillissent partout sur internet, et notamment dans les milieux de gauche. Vu le poids pris par le FN sur le terrain de l’islamophobie, désormais clairement soutenu par le CRIF qui qualifie Marine Le Pen « d’irréprochable », c’est une lutte qu’on ne devrait pas négliger.